Journée 31, le scénario alternatif

Impayable journée 31. Ceux qui l’ont suivie de près n’en sortent pas indemnes, touchés de près ou de loin par l’un des « événements », plusieurs, voire tous. Dans le tourbillon de l’enchaînement des matchs, du halo qui entoure le suspense des coupes d’Europe, tout ceci sera balayé et vite remplacé. Le palmarès retiendra la victoire aux forceps et d’un cheveu de Thierry Aranha, et il l’a mérité : il a rassemblé 92 points sur cette grille peu commune. Toutefois, si c’est cette réalité qui a émergé, d’autres scénarios auraient tout aussi bien pu prévaloir, au moins aussi crédibles, voire bien davantage. A la manière de certains romans, jeux vidéo ou film, voici une fin alternative…

Juventus de Turin-Milan AC – qui sera dauphin de l’Inter ?

Le Milan a pris un coup derrière la tête : l’Inter a été sacré champion d’Italie après sa victoire dans le derby, et jamais le scudetto n’avait été décidé de cette manière ! La Juve se trouve cinq points derrière, mais, contrairement à son adversaire du soir, sa saison n’est pas terminée !

Domination éclatante de la Juve, rien à dire. Aucun tir cadré pour les Milanais, sept sauvetages de Sportiello (remplaçant de Maignan), mais le Milan finit par logiquement s’incliner. Dans un nuage de défenseurs adverses, Rabiot décoche une frappe qu’un Milanais ne peut qu’accompagner dans ses filets. Quelques secondes après, une tête de Milik surprend Sportiello, tout heureux de voir le cadre se dérober. On en reste à 1-0, c’est le prono de Daniel, qui réalise le score maximal sur cette affiche (avec son bonus).

Leverkusen-Stuttgart – Leverkusen injouable à domicile

Cette saison, seuls Dortmund et Gladbach’ n’ont pas perdu à la BayArena, ça vous situe le niveau. De son côté, Stuttgart fait un très honnête troisième de Bundesliga, qui enchainera le Bayern Munich après avoir défié le néo-champion.

Stuttgart mène 0-2 à l’heure de jeu, rate la balle de 0-3, et plusieurs fois la balle de 1-3, dont un sauvetage incroyable du gardien rhénan à la 86è. On se rappelle du scénario abracadabrantesque du week-end dernier : Dortmund mène, son gardien concède un corner évitable, et tête égalisatrice … au-delà du temps additionnel. Alors, cette fois-ci, on guette de près les derniers instants, car Stuttgart n’a pas voulu asseoir sa victoire. Cinq minutes de temps additionnel, Nous jouons donc la 96^e, quand deux joueurs sont opposés, sur l’aile gauche. L’arbitre décide de donner un coup franc… aux locaux. Le coup franc est botté : poussée dans le dos, ballon renvoyé du bras par Hincapie (Leverkusen), reprise déviée, but. Les joueurs de Stuttgart encerclent l’arbitre, qui ne peut qu’aller voir les images, car ses homologues du VAR sont équipés d’une paire d’yeux. Le règlement est formel : main offensive, le but est annulé. Le miracle de Leverkusen, ce n’est quand même pas toutes les semaines : à cet instant de la rencontre, le nul était coté à 16 contre 1. Quatre challengeurs seulement décrochent cette issue méritoire, dont Nicolas Leroy (qui guigne au moins le podium final) et Fabien Douté (bonus).

Paris SG-le Havre – Paris joue le jeu ?

On passe de Charléty au parc des Princes, avec une seule question : Paris se montrera-t-il impliqué sur tous les matchs de championnat ? Le PSG en a passé quatre à Lorient mercredi, et se pose en arbitre du maintien, devant encore rencontrer les Normands et Metz.

On a un début de réponse, avec le Havre (battu sur sa pelouse la semaine dernière par Metz) qui mène 1-3 au Parc. Les Normands contrôlent sans peine les rares velléités parisiennes, à l’image d’un Mbappé qui s’empêtre dans ses dribbles. Ramos (qui devrait jouer tous les matchs) rentre et fait briller Hakimi : Paris revient à 2-3. Mais ces trois points sont vitaux pour les Havrais, dans la lutte pour le maintien, et ils cadenassent le terrain, car il ne reste que quelques minutes à tenir. Lee Kang-In tente de déborder son vis-à-vis sur le côté droit, afin d’adresser un centre à destination de Ramos, mais le défenseur normand porte ses testicules, pose sa caméra et empêche le Sud-Coréen d’envoyer son centre. Personne ne trouve ce succès havrais au Parc, mérité et précieux.

RB Salzbourg-Sturm Graz – Nantes pas tiré d’affaire…

Choc de titans à la Red Bull Arena. Le favori salzbourgeois connait des ratés, comme en témoigne, par exemple, son revers 4-3 sur la pelouse de Klagenfurt, mercredi soir. En revanche, ça boume pour le néo-leader Graz, cinq victoires d’affilée, une belle série initiée par un succès 4-3 en coupe… contre le RB Salzbourg !

La tempête de Graz s’abat sur Salzbourg dès les premières secondes, et frappe une deuxième fois à la demi-heure de jeu. Les locaux sont abattus (but refusé pour hors-heu, main adverse dans la surface non sifflée…). Mais Salzbourg retrouve ses esprits et pose sa patte sur ce match. Un but, deux buts, et une foule d’occases…. Il n’y a plus qu’une équipe sur le terrain : les Blancs asphyxient les visiteurs, et finissent par les assommer à la 89è, quand le jeune Autrichien Baidoo, de retour de blessure, vient crucifier le Tchèque Jaros. Après contrôle du VAR, aucun hors-jeu n’est sifflé, et le RB Salzbourg, s’impose 3-2, ce qui confirme les XG (3.28 contre 0.9). Score exact pour Yvan et Fabien D.

Rennes-Brest – un derby pas anodin

Les deux objectifs poursuivent leur objectif respectif : conserver leur place (au moins) pour briller la saison prochaine sur la scène européenne. Les Rennais savent qu’ils peuvent évoluer dans leur stade : ils l’ont fait cette saison, parfois avec brio. Pour les Brestois, c’est plus incertain.

Peut-être le match de l’année. On ne s’ennuie jamais avec Brest : 97è minute : Mandanda est décidé à ne pas en prendre un cinquième, et s’interpose à la tête de Lilian Brassier. Ancien gardien de l’équipe de France, El Fenomeno sauve les meubles, et permet à son équipe de ne pas tout gaspiller au bout du temps additionnel. Ce nul échevelé est deviné pas de nombreux parieurs, dont Frédéric Douté qui a beaucoup transpiré avec son bonus…

Lyon-Monaco – un horaire bien inhabituel

Une belle affiche comme celle-ci, le dimanche à 19 heures ? C’est assez curieux. C’est l’heure où on prend sa douche après le jardinage, l’heure où on vérifie les devoirs des enfants, l’heure où on commence sa petite déprime de fin de week-end… On est en droit de voir un beau match.

L’équipage arbitre/VAR a veillé aux intérêts lyonnais, pas d’inquiétude. D’abord en confirmant, en deux temps, l’ouverture du score de WBY dès les premières secondes, et surtout en invalidant le triplé de ce même WBY à la 78è pour le 2-3. Convaincu par le révélateur ? Pas moi. Toutes les issues sont possibles, et on approche des cinq dernières minutes réglementaires. Monaco continue de pousser, mais Lyon procède en contre : le jeune Fofana court comme un lapin. Le jeune Belge se présente devant le gardien Majecki, qui cumule les bonnes performances depuis qu’il a relégué Kohn sur le banc. Fofana, à l’orée de la surface, est en bout de course : il adresse un tir assez peu puissant, sur la droite du gardien. Majecki ne s’écroule pas comme une merde et saisit le ballon d’une seule main. Les deux équipes partagent les points, le père Noël passera un autre jour pour Philippe, et David Motyka sauve sa grille.

Marseille-Lens – un horaire bien inhabituel

C’est l’une des dernières cartouches phocéennes pour essayer d’attraper une qualif continentale… ce que cherchera absolument à éviter le club nordiste. Lens vise (au moins) le nul face à une équipe qui tire sur la corde, afin de repousser un concurrent et d’asseoir ses positions.

Comme à Montpellier, comme à Lyon, comme à Rennes, comme à Salzbourg, ça marque rapidement : 1-0 pour Marseille, Fabien Leroy s’impose d’un souffle. A la 77^e minute, Lens concrétise et égalise logiquement : Christian s’impose sur un score à trois chiffres. Ça tient jusqu’à la 85^e, où tout se joue. Devant son gardien, Massadio Haïdara progresse balle au pied, au cœur de sa surface. Les Marseillais les plus proches se situent à quelques mètres, dans l’axe. Haîdara a parfaitement repéré son partenaire, démarqué à gauche le long de la ligne de touche. Il va lui adresser la balle, plutôt que de hasarder une passe suicidaire plein axe. Car il n’est pas né de la dernière pluie, Haïdara, 31 ans et formé à Nancy. On termine donc cette grille sur un match nul assez logique, même si Lens n’a pas su profiter de la forme physique incertaine des Phocéens.

Verdict J31

Une très plaisante ajournée, agrémentée de nombreux buts, et du spectacle quasiment partout. Daniel s’impose avec 85 points en 8 issues, grâce surtout au score exact dans l’affiche transalpine et au succès de Stuttgart qui met fin à la série lunaire de Leverkusen. Il devance de peu Jérôme, 82 points et plus que jamais meilleur devineur d’issues de cette saison. Sur le podium, Romain L et Fabien D (81 points) ne sont pas passés très loin. (dans la « vraie vie », si Fabien Lefèbvre a assez peu subi les faits de jeu des derniers instants et marque 71 points, les trois autres ont salement morflé, ne dépassant pas 36 points). Enzo clôt la troupe avec 16 points, c’est à peine pire que Fabien Boff (21 points) et Guy (24 points), qui cède le leadership en D2 à Jean-Séb (dans la « vraie vie », leurs performances sont analogues, avec respectivement 17 et 16 points).